INTERVIEW DE JEAN-PIERRE SERGENT POUR LUXURY SPLASH OF ART #4, PAR AGNIESZKA KOWALCZEWSKA (French translated)

Jean-Pierre Sergent
17 min readFeb 23, 2021

13 FEVRIER 2021
L’Art, comme le sexe, a à voir avec la transcendance de la réalité, des couleurs, du plaisir et de la mort…

Jean-Pierre Sergent — Artiste français, né dans la petite ville de Morteau (1958) dans le nord-est de la France. Il a étudié l’architecture à Strasbourg et la peinture à l’école des Beaux-Arts de Besançon (1978–1981). Jean-Pierre s’est installé à Montréal (1991–1992) où il a développé son répertoire de forme artistique et a eu successivement trois ateliers à New York à Brooklyn, Chelsea et Queens (1993–2003), puis il est retourné dans sa France natale (2004) dans la ville de Besançon où il vit et travaille actuellement. Son travail est exposé en France, au Canada, aux États-Unis, en Suisse, en Angleterre, en Autriche et en Chine.

il nous a raconté que pour devenir artiste : “Tout d’abord, vous devez apprendre beaucoup de choses, lire beaucoup de livres, voir beaucoup de films, visiter beaucoup de musées, vivre beaucoup d’expériences, visiter beaucoup de pays, avoir beaucoup de sexe, peindre beaucoup de tableaux… avant même de savoir vraiment ce que vous voulez et pouvez faire. Et quel sera votre vrai cheminement artistique personnel ?

Luxury Splash of Art : Jean-Pierre c’est un grand plaisir de vous interviewer ; merci de nous avoir accordé du temps pour partager votre histoire de vie artistique.
Aujourd’hui, je voudrais vous parler de votre travail artistique, de vos projets, de votre inspiration, de votre spiritualité et de votre exposition actuelle les “4 Piliers du Ciel” au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon. Mais avant d’en arriver à ces questions, pouvez-vous nous en dire plus sur vous. Quand votre voyage artistique a-t-il commencé et qu’est-ce qui fait que l’Art vous passionne autant ?

JPS : Bonjour chère Agnieszka et les lecteurs du Luxury Splash of Art, merci pour l’intérêt que vous portez à mon travail et pour vos questions. Être artiste plasticien, c’est embrasser le plus vieux métier du monde, avec tout le respect dû aux prostituées, dont on dit communément qu’elles font le plus vieux métier du monde ! En tout cas, quand on pense aux premières traces de l’humanité, au-delà de tous les squelettes et du matériel génétique découverts par les archéologues comme les squelettes et les déchets trouvés dans les campements troglodytes ou dans les tombes ; les artistes sont à l’origine et ont posé les premiers jalons tangibles de la pensée et des croyances humaines. Ainsi, être artiste professionnel, en tant que métier, en tant que spécialiste de l’image, est sans aucun doute beaucoup plus ancien qu’être prêtre, architecte, guerrier, agriculteur, politicien, assureur ou même banquier ! Et c’est comme si l’on appartenait à une longue lignée, à une grande famille ou à une sorte d’”old souls club”. Picasso a dit un jour dans une interview par le célèbre écrivain français et ministre de la culture André Malraux dans Le Miroir des limbes, “Savez-vous ce que je pense, des fois ? Ça m’amuse : je suis superstitieux. Je pense que c’est toujours le même Petit Bonhomme. Depuis les cavernes.
Il revient, comme le Juif errant. Les peintres se réincarnent forcément comme peintres. C’est une race. Comme les chats.”

Ainsi, être artiste, c’est faire partie d’une communauté éternelle et en même temps, avoir besoin d’être à l’extérieur, en marge des principaux courants de pensée et des sociétés dominantes dans lesquelles nous vivons, afin de mieux comprendre et d’englober l’ensemble des choses et des problèmes. Il est également utile d’être une espèce de guérisseur, car l’Art est toujours profondément lié à la Mort ; l’Art a toujours gravé dans ses basques et son essence, le filigrane de la Mort ainsi que le poids du souvenir des morts, vraiment assez paradoxalement plus profondément que l’Amour, je crois en tout cas. Comme l’a dit Henry Miller dans Remember to Remember : “La mission de l’homme sur terre est de se souvenir”. Sans œuvres d’art, nous ne saurions nullement parler de toutes les existences de tous les Dieux et Déesses historiques, de tous les rituels que les images et les statues ont accompagnés, dépeints et rendus possibles. Ce serait alors un Monde vide, désenchanté et sans mémoire. D’une certaine manière, l’Art est l’incarnation du vivant dans sa présence, son mouvement et sa réalisation. Non seulement il a et il nourrit encore l’inconscient personnel et collectif, mais il est et a été un support pour toutes les pratiques “spirituelles” qui ont commencé il y a très longtemps et qui se poursuivent dans aujourd’hui.

Quant à ce que représente l’Art pour moi : en quelques mots, je peins depuis mon enfance et j’ai continué à le faire dans un processus ininterrompu jusqu’à maintenant. Enfant, j’ai souffert de terribles crises d’asthme alors peindre des images d’animaux et de paysages, m’a donné une merveilleuse façon d’échapper à la souffrance et aux fortes angoisses de la peur de mourir par suffocation. C’est aussi cette dimension importante que je voudrais évoquer ici et qui est le fort pouvoir de guérison de l’Art, pour soi-même et pour les autres. Je crois que aussi l’Art peut être vécu comme une révélation, c’est ce qui m’est arrivé lors de différents voyages en Egypte (dans la tombe de la Reine Néfertari à Louxor) et au Mexique lors de la visite des pyramides sacrées comme Chichén Itzá ou Uxmal. D’une certaine manière, il faut vivre l’Art avec son corps tout entier, non pas seulement avec son esprit, ses connaissances ou avec des reproductions imagées. C’est à la fois une expérience physique (sensuelle) et spirituelle. L’art nous aide à ressentir le flux constant d’énergies vitales, comme le sang, les rivières, les étoiles… Cela relève d’une appartenance à l’Univers et du fait d’être interconnecté d’une certaine manière. À un moment donné, c’est aussi un langage qu’il faut apprendre, auquel il faut s’initier. Pour en revenir à Picasso qui disait : “Quand les gens veulent comprendre le chinois, ils pensent : je dois apprendre le chinois, non ? Pourquoi, ils ne pensent jamais qu’il faut qu’ils apprennent la peinture ?”

LSA : Une fois, vous avez dit que vous vouliez “Making art alive in a society which is spiritually dead.”, pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet ? L’Art doit-il toucher l’Ame ou doit-il se vendre ? Peut-être les deux ? Quel est votre point de vue ?

JPS : Oui, exactement, j’aime toujours relire cette phrase là, parce que pour vous dire la vérité, si vous ouvrez vraiment les yeux à notre réalité et cherchez la vérité : nous sommes actuellement confrontés à une situation vraiment difficile, profonde et désespérée, presque apocalyptique. Je vous épargnerai la liste des mauvaises nouvelles pour ne pas trop vous affoler, ni affoler le lecteur mais nous en sommes tous conscients. Et ce qui me frappe le plus émotionnellement, c’est vraiment d’avoir le sentiment de la disparition de la spiritualité ou mêmes des spiritualités, nous conduisant de facto à la disparition de l’âme. Il y a quelques mois de cela, j’ai écrit un petit texte à ce sujet : Au sujet de la disparition de l’âme aujourd’hui, après avoir lu le très beau livre de Maurice Maeterlinck, Le Trésor des humbles, dans lequel il déclare : “Il y a vraiment des siècles où l’âme se rendort et où personne ne s’en inquiète plus” et même le général De Gaule, l’homme le plus connu et respecté du XXe interrogé dans le même livre de Malraux, dit à peu près la même chose : “Et si notre civilisation n’est certainement pas la première à nier l’immortalité de l’âme, c’est bien la première pour laquelle l’âme n’ait pas d’importance.”

Ces phrases sont profondément émouvantes pour moi et en tant qu’artiste, je ne peux pas m’imaginer vivre dans un monde totalement sécularisé et privé de toute spiritualité. De fait, ma pratique artistique me permet d’exposer mes œuvres dans des galeries, des foires d’art et des musées et j’ai toujours le sentiment que le public, dans son ensemble ou même les conservateurs ou les critiques d’art, en particulier, n’ont aucune idée, aucun accès à la signification, à la présence des différentes forces spirituelles, fortes et puissantes émanant de mes peintures. Mais encore une fois, pour citer le livre de Malraux : “Le temps de l’Art ne coïncide pas avec celui des vivants”. Donc, je dois m’en accoutumer. Ça a été un défi constant pour tous les artistes importants au fil des temps. D’autant plus aujourd’hui, puisque l’Art, par et à travers le Marché de l’Art et son commerce, est devenu un produit manufacturé industriellement et très luxueux, que seuls quelques gens ultra-riches (only a select few!) peuvent se permettre d’acheter et d’exposer. C’est une situation nouvelle à laquelle personne n’avait pensé auparavant. L’Art est maintenant confisqué par les très riches et puissants, cela s’est déjà produit auparavant avec les religions et les pouvoirs politiques mais à cette époque, l’Art était censé éduquer les masses ou les non-croyants alors, il pouvait toujours être vu par tout le monde dans les églises, les temples ou les bâtiments publics. Ce qui n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui où la plupart des œuvres d’art achetées dans les salles de vente aux enchères finissent par être enfermées dans des coffres-forts privés et sécurisés. De surcroit, si par exemple, vous consultez la liste des prix des œuvres d’art sur Artprice, vous pouvez constater par vous-même, que les œuvres d’art se vendent à des millions de dollars mais le côté vraiment sombre de la situation est que personne ne regarde les œuvres d’artistes qui ne vendent pas à ce niveau de prix élevé (à moins de 100 000 dollars américains, vous êtes un moins que rien, un pauvre inconnu) ; ces artistes ne peuvent plus exister, ni exposer, ni survivre d’aucune façon aujourd’hui.

LSA : Merci beaucoup de partager votre point de vue, c’est très intéressant ce que vous dites. La spiritualité est très importante pour vous, c’est que le message que vous voulez faire passer à travers votre art ? Qu’aimeriez-vous que les autres voient dans votre travail ?

JPS : Eh bien, l’Art n’est pas seulement porteur de messages : esthétique, politique, environnemental, idéologique ou même spirituel mais plus précisément et plus fidèlement un vecteur d’énergie pure. C’est quelque chose qui doit vous toucher aux tripes, aux organes génitaux, aux yeux et vous émouvoir. C’est une énergie, comme une batterie nucléaire, une tempête, un vortex, le sexe d’une femme, un flux, comme un défilé, un carnaval, une vraie procession de squelettes (non pas comme la drôle de Parade d’Halloween sur la 6ème avenue à NY) et aussi, simultanément, un papillon tourbillonnant dans un rayon de soleil dans la douce lumière du printemps finalement revenu !
Plus sérieusement, je veux que mon Art atteste, qu’il soit le témoin, le jalon, l’étendard des présences de toutes les myriades de sociétés primitives et des cultures traditionnelles en voie de disparition qui à un certain moment, à certaines périodes, étaient vivantes et florissantes dans le monde entier. Comme l’a récemment déclaré lors d’une interview radiophonique la grande photographe de rue Sabine Weiss : “Tout change ! Mais il est bon d’avoir été photographe pour être témoin de beaucoup de jolies choses qui vont disparaître”.

J’éprouve donc une forte et passionnante curiosité envers ces différentes cultures, ces différentes façons de penser, ces différentes façons de faire l’amour, ces approches amoureuses différentes ou ces pratiques rituelles inimaginables afin d’honorer les morts, de régénérer et revitaliser la Vie, notre vie, en quelque sorte, quelque part, car rien n’est gratuit dans ce monde ci. Cela peut être philosophique, comme le bouddhisme, ou l’hindouisme ; ou esthétique, comme presque toutes les œuvres d’art précolombiennes, comme celle de la Reine maya Lady Xoc, effectuant un sacrifice sanguinaire en se passant une corde par un trou dans la langue percée afin d’entrer en transe pour rencontrer dans sa vision, le serpent cosmique Quetzalcoatl. Parfois, j’utilise aussi des images de bondage japonais pour montrer comment un corps enchaîné, peut accéder à l’extase sexuelle, en retournant paradoxalement, l’angoisse corporelle en orgasme sexuel libérateur. L’Art, tout comme le sexe d’ailleurs, a à voir avec les transcendances des réalités, des couleurs, du plaisir et de la mort.

LSA : Certains artistes disent que l’Art et la création sont comme une méditation, qui leur permet de se sentir connecté avec le moi intérieur et l’univers. Qu’en pensez-vous ?

JPS : Oui, c’est tout à fait vrai. Car le processus de travail est long et fastidieux tout du long et l’artiste doit y être pleinement concentré et présent. Vous devez être attentif à ce que vous faites à chaque étape, à chaque moment de ce processus et si vous n’êtes pas présent, vous le raterez. Bien sûr, c’est comme dans tout enseignement spirituel de toutes les parties du monde : Si je suis présent, Dieu (quel qu’il soit et quoi qu’il soit) doit l’être aussi. Comme il est dit dans Les Hymnes Spéculatifs du Véda hindou :
J’ai embrassé tous les êtres,
afin de voir le fil tendu du sacré,
là où les dieux, ayant atteint l’immortalité,
se sont dirigés vers leur commune demeure.” Dans JPS Notes Besançon — 2005-présent

LSA : Où puisez-vous l’inspiration pour vos projets et combien de temps faut-il entre le moment où le processus de création commence dans votre tête et le moment où il est prêt. Vous laissez-vous guider par l’intuition ou préférez-vous que chaque étape soit planifiée ?

JPS : Premièrement, je collecte, rassemble et glane des images. Des images représentant des rituels anciens de différentes sociétés, comme je l’ai dit plus tôt. Lorsque j’étais à New York, je prenais beaucoup de photos dans les musées, mais maintenant je les trouve surtout sur le web et principalement des photos érotiques. Il est un fait qu’environ 50% des images circulant sur le Web sont des images pornographiques et il me semble que certaines d’entre elles, très, très rares et uniques, possèdent une sorte d’aura mystique extatique. C’est principalement ce qui suscite mon intérêt pour certaines œuvres d’art dans l’Histoire de l’Art : son aura, sa présence. On peut la voir dans les œuvres de Vermeer, de Giotto, de Pollock, de Rothko, dans certaines peintures rupestres, dans des graffitis ou dans de nombreuses peintures indiennes Moghols et aussi bien sûr, dans presque toutes les œuvres dites “primitives” etc. Ainsi, en choisissant une pauvre image populaire “vulgaire” (comme l’ont fait les artistes pop de New York dans les années 60), qui n’a pas grande importance ou signification, je la transforme, de part ma pratique, en une sorte d’Icône. Cette “sacralisation” se fait, bien sûr, tout au long du long processus de sélection de l’image, du long processus de la redessiner sur mon ordinateur et de sa sélection au jour J, en fonction de ce que je veux faire au moment où je vais finalement sérigraphier cette image sur ma table d’impression. Bien entendu, le processus de sérigraphie nécessite également une préparation importante, au moment de l’impression des images et surtout au moment du choix de la couleur. Et tout au long de ce processus, j’utilise mon intuition et mon esprit spirituel et mes connections avec l’Art en général, ainsi qu’avec le soleil, l’eau, mes ancêtres, les abeilles, le sol (la terre) ou tous mes désirs sexuels…

LSA : Dans votre travail artistique, vous utilisez différentes méthodes et supports ; vous créez de grandes installations, vous peignez, vous sculptez, vous faites des croquis, de la scénographie… Quelle est votre méthode préférée pour vous exprimer et pourquoi ? Le processus de création de votre art est-il stimulant, si oui, de quelle manière ?

JPS : Oui, j’aime faire beaucoup de ces choses passionnément et toutes les façons de m’exprimer sont importantes dans le présent et même plus fortement a posteriori, car la vie est toujours en évolution et quelque chose que vous étiez capable de faire il y a quelques années, vous n’êtes plus capable de le faire aujourd’hui, par manque d’argent ou à cause d’autres problèmes à l’atelier, etc. C’est pourquoi j’aime aussi écrire des textes, ce qui ne me coûte rien (surtout pendant certaines années de vaches maigres car je n’ai pas toujours assez d’argent pour acheter des fournitures artistiques !) L’écriture est également importante pour moi, non pas pour me justifier, ni pour expliquer mon œuvre, mais pour dire une chose similaire d’une façon différente. Nous savons tous que pour accéder au centre de la connaissance et de la mémoire dans notre cerveau, chaque canal est valable. Il y a quelques années, j’ai également commencé à filmer des interviews vidéos avec des amis dans mon studio. Je crois que c’est un grand changement de vivre aujourd’hui avec ces nouvelles possibilités technologiques qui nous permettent d’utiliser tous ces différents supports qui peuvent être facilement partagés sur le web. Je ne suis pas sûr que cela ait le même impact que l’expérience physique personelle que l’on peut avoir devant un tableau mais au moins cela peut ouvrir les portes afin que de nouvelles personnes puissent découvrir mon Art.

LSA : J’aimerais vous interroger sur votre exposition actuelle “Les 4 piliers du ciel” au Musée de Besançon. Cette exposition est votre dernier projet rassemblant huit grandes installations. Pouvez-vous m’en dire plus sur ces œuvres d’art ? Qu’est-ce qui vous a inspiré à les créer, comment ont-elles été créées et y a-t-il un message pour le public dans vos œuvres d’art ?

JPS : Oui, depuis septembre 2019, 72 tableaux carrés de peinture sur Plexiglas, mesurant chacun 1,05 x 1,05 m, ont été installés sur huit panneaux entourant les quatre coins des deux énormes escaliers principaux du Musée. Cette installation monumentale Les Quatre Piliers du Ciel, d’une surface de quatre-vingts mètres carrés est, à ce jour, la plus grande que j’ai jamais réalisée. Cette installation m’a été proposée par le Directeur du Musée, M. Nicolas Surlapierre, qui a eu la grande idée d’accrocher cette immense sélection de peintures parmi cette belle architecture historique, dont les origines remontent à 1694 et qui constitue la plus ancienne collection publique française.
Ce fut un projet très difficile à réaliser, car les techniciens ont travaillé pendant plus d’un mois pour fixer les panneaux de bois sur les vieux murs de pierre qui sont très hauts et les assistants et moi-même avons dû travailler sur des échafaudages à plus de 5 m de hauteur. C’est un grand honneur et un privilège de voir mes œuvres exposées dans ce bel espace où toutes les peintures assemblées et reliées entre elles dégagent vraiment une étonnante énergie et pourraient, espérons-le, amener le spectateur dans un état, une expérience de joie, d’élévation esthétique ou même mystique, souhaitons le. L’exposition durera probablement quelques années et un catalogue d’exposition a été publié. J’ai donné une conférence au Musée et nous avons filmé trois entretiens avec des professionnels de l’Art et amis que vous pouvez voir sur ma page Vidéos — Interviews. Voici un extrait du communiqué de presse :

Je veux que mes peintures et mon Art soient : un art-mur (même une armure si l’on veut ! Peu m’importe !), un art-architecture (comme les tipis indiens), un art-animaux (comme Lascaux), un art-arbre, un art-rivière, un art-vide (comme pour les moines bouddhistes zen), un art-nature, un art-sexe, un art-mort (comme les tombes égyptiennes), un art-plaisir (dionysiaque), un art-présence, un art-âme, un art-joie (comme dans les livres de Jean Giono), un art-corps (comme dans la sexualité) etc.
Donc, il n’y a pas vraiment de message simple et singulier, car mon art est très complexe et ce serait plutôt un conglomérat, une agrégation d’images, une multitude d’informations visuelles et d’impulsions stimulantes comme le déploiement, l’épanouissement, la germination, l’éjaculation d’une vie entière, colorée, multiculturelle et sexuelle !

LSA : Y a-t-il un message que vous aimeriez partager avec les lecteurs de Luxury Splash of Art ?

JPS : Tout d’abord, merci beaucoup d’avoir lu cet article jusqu’au bout, j’espère que vous l’avez trouvé intéressant et enrichissant. Deuxièmement, je voudrais citer le peintre allemand Emil Nolde : “J’obéissais à un besoin irrésistible de représenter une spiritualité profonde.”
Ce qui nous montre profondément comment l’aspiration du sens, les recherches et les quêtes spirituelles sont importantes voire, substantiellement essentielles pour certains artistes, pas pour tous ! Paradoxalement, c’est quelque chose qui semble totalement absent de la production artistique actuelle. Car nous vivons aujourd’hui, dans une société principalement et uniquement basée sur l’argent, qui est la seule valeur suprême adorée comme le veau d’or biblique et cette déspiritualisation est donc plus que normale, car l’argent n’a bien sûr aucune valeur spirituelle intrinsèque !

LSA : Avez-vous des conseils a donner pour des jeunes artistes débutants ?

JPS : Oui absolument, l’Art n’est pas une simple affaire facile et le temps est à la fois notre ami et notre ennemi car on ne peut pas vraiment devenir un artiste important, avant l’âge de sa maturité physique et à quelques rares exceptions près, tous les artistes ont réalisé leurs œuvres importantes pendant leurs années de maturité. Pour cela, il faut donc être extrêmement curieux et profondément patient. Je viens de lire ce matin sur Twitter un article sur la célèbre écrivain-voyageuse suisse Ella Maillart qui dit “J’avais un sac de couchage, quinze jours de provisions sur le dos et je me disais : Il faut aller voir la beauté du monde, en attendant de savoir pourquoi je vis.” C’est un fait, une réalité : tout d’abord, il faut apprendre beaucoup de choses, lire beaucoup de livres, voir beaucoup de films, visiter beaucoup de musées, vivre beaucoup d’expériences de vie, visiter beaucoup de pays, baiser beaucoup, peindre beaucoup de tableaux… avant même de savoir vraiment ce que l’on veut et ce que l’on peut faire artistiquement et quel sera votre parcours artistique personnel ? Pour citer une nouvelle fois Picasso, il a dit un jour : “Tu copies, tu copies, et puis un jour tu rates une copie et alors, tu fais une peinture originale.”

LSA : Ce fut un grand plaisir de vous parler. Merci de nous avoir accordé un peu de votre temps. Bonne chance pour vos futurs projets. Où pouvons-nous trouver votre travail, veuillez svp partager le lien vers votre site web et les médias sociaux.

JPS : Oui, ce fut un grand plaisir d’écrire cet article avec vous, merci beaucoup pour vos questions intéressantes, chère Agnieszka. Mon travail peut être vu au Musée des Beaux-Arts & d’Archéologie de Besançon (quand il rouvrira), dans mon Studio et à la Galerie Keller de Zürich, en Suisse. Vos lecteurs peuvent également me suivre sur divers médias sociaux et je serai très heureux de poursuivre cette discussion avec eux. Je vous souhaite à tous une bonne journée ainsi qu’une belle vie en ces temps difficiles et troublés, avec mes meilleures salutations de France.

Jean-Pierre Sergent, Besançon, France, le 7 février 2021

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